EVE et moi (II)

Eve me fait la description de ses jeunes années, puis des événements plus proches. Au fil de son récit, je cerne mieux ses interrogations, son malaise.

Eve avait perdu son pĂšre Ă  la suite d'un accident de travail, le pauvre homme Ă©tait tombĂ© d’un Ă©chafaudage culminant Ă  20m de haut, s’écrasant au sol dans une zone d’entreposage de pierres et de ferraillage pour le chantier. Elle avait 4 ans, et se trouvait seule avec sa mĂšre. Triste situation mais somme toute banale. Sa mĂšre refait sa vie avec un homme qu’elle croise Ă  son travail. Rachid devient ainsi le beau pĂšre de Eve. Il semble que les premiĂšres annĂ©es se passent bien. Mais la mĂšre de Eve avait mal supportĂ© son deuil, l’accident sans jamais le montrer. Mais au bout d’un certain temps elle avait tendance Ă  boire plus que de raison de plus en plus souvent. Eve Ă  dans la tĂȘte des images de sa mĂšre totalement ivre morte. MoitiĂ©e nue se cramponnant aux murs et invectivant la gamine qui se cachait de peur de prendre une baffe comme il arrivait souvent. Son beau pĂšre finit par ĂȘtre malade enfin il ne travaillait plus, restait Ă  la maison toute la journĂ©e devant la tĂ©lĂ©. Engueulait sa femme, au besoin tapait dessus pour se passer les nerfs. Mais tout ça est le quotidien de plus de gens que l’on ne pense. Eve allait Ă  l’école rĂ©guliĂšrement. Bien sĂ»r dans cette ambiance, pas question d’ĂȘtre la premiĂšre de la classe, mais son intelligence et une sorte de rĂ©silience lui permettaient d’ĂȘtre une Ă©lĂšve moyenne.
Vers 7 ou 8 ans, un bouleversement survient. Alors qu’elle Ă©tait sur le canapĂ© regardant la tĂ©lĂ© avec Rachid, celui qu’elle considĂ©rait comme son pĂšre commença Ă  avoir des comportements interdits. Il caressait, son sexe au travers de son pantalon, puis il caressa Eve affolĂ©e qui n’osait que se reculer le plus loin de lui sur le canapĂ©. N’ayant mĂȘme pas la prĂ©sence d’esprit de se sauver. Le salopard finit par sortir sa queue, et l’obligea Ă  le prendre dans sa bouche. Cette premiĂšre fois il se branlait finissant par Ă©jaculer sur son visage.
Totalement dĂ©semparĂ©e, choquĂ©e elle n’en parlait mĂȘme pas Ă  sa mĂšre qui sans doute n’aurait pas fait grand chose.
Le manĂšge recommençait au dĂ©but de temps en temps, puis de plus en plus souvent jusqu'au jour oĂč Rachid dĂ©cidait d’aller plus loin. Eve me dit qu’elle devenait totalement apathique, laissait faire attendant que ça soit fini. Comme on attend la fin d’un orage. Elle eut beau hurler, supplier, tenter de s’échapper ce jour-lĂ  voyant que c’était autre chose qu’il voulait. Rien n’y fit il la maintenait et la violait Ă  nouveau mais cette fois il la pĂ©nĂ©tra violemment. Il alla jusqu’au bout jouissant en elle. La douleur, l'humiliation, l'incomprĂ©hension Ă©taient sur le point de lui faire faire des folies. Le lendemain de ce jour elle se trouva debout sur le rebord de la fenĂȘtre au 6eme Ă©tage. PrĂȘte Ă  mettre fin Ă  cette vie. Mais la peur eut raison de sa dĂ©termination et elle mit fin Ă  cette tentative. Enfin elle eut le courage d’en parler Ă  sa mĂšre qui pour toute rĂ©ponse lui rit au nez en lui disant qu’il fallait bien que çà arrive et “qu'elle ne devait pas ĂȘtre la seule Ă  se faire baiser par Rachid”. Eve sentait tout s’écrouler autour d’elle. Pensant qu’elle avait atteint le fond, elle s’astreint Ă  supporter ces viols presque quotidiens maintenant.
La elle arrĂȘta son rĂ©cit et se mit Ă  pleurer toutes les larmes de son corps. J’étais presque dĂ©semparĂ©, secouĂ© par son rĂ©cit, en colĂšre, si ce type me tombait entre les pattes je lui Ă©craserait la gueule Ă  coup de pied. Jusque lĂ  ceux qui ont eu Ă  subir ça, l'on subit au nom de la Nation et pas en mon nom propre. Mais voir cette gamine dans cet Ă©tat Ă©tait un crĂšve-cƓur. Qu’on me pardonne si je ne puis parler d’elle qu’en tant que femme, pour moi c’est ce qu’elle est. J’ai bien tentĂ© d’écrire en respectant son genre selon la pĂ©riode mais je n’arrive pas Ă  parler d’elle que comme cette petite femme qu’est EVE. j'espĂšre que ça ne vous troublera pas trop. Je la pris dans mes bras la laissant sangloter tant qu’elle le voulait. Je me sentais coupable mĂȘme de ce rendez-vous que je voulais sexuel. J’avais l’impression que moi aussi je voulais la violer. Pourtant je n’aurais pas changĂ© ma place pour un empire. je sentais sans doute confusĂ©ment que nous devions nous rencontrer.

J’étais je dois dire assez mal dans ma peau, je la tenais contre moi et j’en Ă©tais charmĂ©, hĂ©las ce qu’elle avait Ă  me confier mettait Ă  bas tous les Ă©mois que je pouvais ressentir comme ce qu' elle pourrait ressentir. Doucement elle finit par se reprendre, je lui avait fait boire quelques gouttes de scotch qui lui firent du bien en fait.
Elle s’excusait longuement de son attitude, ce Ă  quoi je ne pouvais pas vraiment rĂ©pondre. Elle ajouta qu’elle voulait continuer Ă  me parler, pour que je sache qui elle Ă©tait , les tenants et aboutissant des choses. Elle m’expliquait qu’elle Ă©tait Ă  bout, qu’elle avait l’impression de s’enfoncer dans des sables mouvants que chaque jour qui passait l'entraĂźne vers le fond. Elle dĂ©plia son bras et me montra dans le pli du coude quelques marques de piqĂ»res en me disant voilĂ  oĂč j’en suis.
Je comprenais que toute cette diatribe Ă©tait un appel au secours. Je remarquais aussi que malgrĂ© ses yeux rougis, et son maquillage qui partait en couille, elle avait toujours une jolie petite frimousse, que la façon qu’elle avait de repousser ses cheveux Ă©tait si dĂ©licate, naturelle et toute emprunte de fĂ©minitĂ©. Son regard n'Ă©tait pas fuyant, j’avais aussi l’impression qu’elle aimait mon visage. Sa main s'Ă©tait posĂ©e sur la mienne, elle caressait doucement mes doigts d’un geste quasi machinal. Plus je passais du temps prĂšs d'elle, plus j’avais la curieuse impression de la connaĂźtre depuis toujours. Elle a continuĂ© le rĂ©cit glaçant de sa vie. Son beau pĂšre donc, se mit Ă  penser qu’elle pourrait lui servir Ă  arrondir ses fins de mois. Et le samedi aprĂšs midi il prit l’habitude d’inviter des “copains” qui assistaient intĂ©ressĂ©s au viol et aux autres sĂ©vices que lui rĂ©servait Rachid. Puis le ‘copain” avait le champ libre on l’obligeait Ă  sucer parfois jusqu'Ă  conclusion celui qui Ă©tait lĂ .D’autres fois on le mec l’enculait sans la moindre protection mais aussi sans prĂ©paration. Et ainsi de suite tous les samedis, elle se rendit compte que soit en arrivant soit en partant, les “copains” Ă©changeaient avec Rachid quelques billets. Elle eut un grand hoquet et dit j’étais leur pute, il me vendait. Chaque semaine, il y avait des copains de plus, deux parfois quatre, la soirĂ©e du samedi commençait Ă  faire partie des heures maudites. De nouveau la situation de la famille se dĂ©gradait financiĂšrement. LĂ  arriva une chose qui la bouleversa, Rachid comme Ă  chaque fois le samedi vint la chercher dans sa chambre. Elle savait pourquoi mais elle resta stupĂ©faite quand elle vit sa mĂšre dans le salon. Assise avec 3 inconnus. Elle n'eut pas le temps de dire un mot que sa mĂšre avait ouvert la braguette d’un des gars et lui sortant la queue disant Ă  son intention allez au boulot gagne ton fric. Elle se sentit mal d’un coup la tĂȘte lui tournait, elle se mit Ă  dĂ©faillir. Sa mĂšre cessa son "travail", lui donna quelques claques et dit Ă  un des hommes prĂ©sents, vas-y ça ira bien. Ève me dit ne plus se souvenir de ce qui c’est passĂ© aprĂšs ce jour particulier. Le samedi suivant la mĂȘme chose, tous les samedis la mĂȘme chose. Je voyais que Eve Ă©tait de plus en plus nerveuse, que pouvait-elle me dire de plus dĂ©gueulasse qu’on lui avait fait subir? Je tremblais presque d’apprendre une autre horreur. Elle commença par me dire mais le pire.. le pire
 Elle n’arrivait pas Ă  formuler les choses. Je lui pris les mains, lui demandant de se calmer. Je pouvais tout entendre. Ses mains tremblaient vraiment, la pauvre gosse, je ne suis pas un romantiques ou un mou loin de lĂ . On me dit insensible ce qui est faux. Je cache sans doute ma sensibilitĂ© ma condition d’Officier m'interdisait ce genre de prĂ©rogatives et on ne perd pas les acquis de toute une carriĂšre. Ses yeux Ă©taient fixĂ©s dans les miens, elle me dit trĂšs doucement, j’ai honte je me suis rendue compte que ça me donnait des sensations, des fois ça me plaisait vraiment . C’est ma mĂšre qui m’a ouvert le yeux quand une fois elle a dit aux autres “regardez mais c’est que ça jouit la petite salope” et je sentais mon sexe tendu qui sautait et que je laissais couler mon jus sur le plancher. Je mourrais de honte Ă  chaque fois, et çà faisait çà de plus en plus souvent. Je suis moins que rien, juste bonne Ă  ça.. C’est lĂ  que j’ai compris ce que j’étais devenue une fille Ă  plaisir qu’on utilisait qu’on vendait et je laissais faire car au fond de moi j’aimais ça. Je croyais qu’avoir compris les choses me faciliterait la vie, au contraire pour essayer de ne plus y penser j’ai trouvĂ© que la fumette irait bien. MĂȘme si je me crame le cerveau c’est mieux que de cracher sur mon image dans les miroirs. Je lui demandais alors, pourquoi moi ? Pourquoi tu veux tout me dire comme ça ? Je sais pas dit elle, j’ai la sensation que tu comprendras, tu a tellement l’air d’un mec bien. Tu sais je fais pas ça pour Ă©viter les choses que j’ai promis. J’ai juste besoin que tu saches, qui, enfin quoi je suis.
Eve devient doucement une mission dans ma tĂȘte. Je ne pouvais pas laisser cette gamine se dĂ©truire comme elle le faisait, j’ai vu des gosses l’esprit bouffĂ© par ces merdes, shit, hĂ©roĂŻne, cocaĂŻne ou bĂȘtement alcool. J’étais devant une gosse qui se dĂ©teste, qui dĂ©teste ce que l’on a fait d’elle. DĂ©jĂ  engluĂ©e dans un dilemme de genre Ă  la base. Eve Ă©tait arrivĂ©e Ă  un point limite je pense. C’est sans doute de l’ordre du divin si elle Ă  lancĂ© un appel au secours Ă  moi, pas Ă  d’autres çà tombe sur moi. J’accepte la mission qui me tombe dessus. Vous allez me trouver faux cul de mĂȘler les affaires de sexe car Ă  la base ce n’est que çà je le sais. Mais je ne peux pas rester sourd Ă  cette dĂ©tresse.
Je lui demande depuis combien de temps elle est passĂ©e de la fumette Ă  la shooteuse. Elle me dit une semaine c’est rĂ©cent et elle kiffe a mort. comme elle me l'a dit. C’est rĂ©cent tant mieux ce sera plus facile Ă  lui faire perdre cette putain de manie. Il faut absolument que je ne l'affole pas, il faut que je reste en contact avec elle. Je dois jouer le jeu et continuer sur le rendez vous sexe sinon elle va m’envoyer chier et je rompt le contact nouĂ©. De plus, elle a senti que je pouvais entendre qu'elle avait confiance en moi.
Elle Ă©tait toujours contre moi, j’aimais la sentir se lover dans mes bras. Elle me dit qu’elle se sentait bien avec moi, elle recommença Ă  parler de choses moins graves. M’expliquant qu’elle Ă©tait dĂ©cidĂ©e Ă  faire une transition totale, devenir femme Ă  part entiĂšre c’était son graal. Mais c’était aussi compliquĂ© les traitements Ă©taient compliquĂ©s Ă  obtenir, dĂ©marches, psychologues tout çà aussi coĂ»tait cher. Elle se mordit les lĂšvres et s’empressa de me dire qu’elle ne me demandait rien, expliquant que maintenant si elle vendait ses charmes et savoir faire de temps en temps c’était volontairement Ă  son profit et non celui de sa famille qu’elle avait quitĂ© pour aller vivre chez une tante. AprĂšs ça elle me dit tu vois j’ai plus de secrets pour toi c’était un mensonge pardonnĂ© depuis longtemps elle m’avait menti sur son Ăąge de quelques annĂ©es. ce qui me mettait dans une situation disons scabreuse. C’est du passĂ©.
Je viendrais la prochaine fois vous dire ce qui suit qui vous intéressera sûrement plus que ces premiÚres parties mais elles sont importantes pour comprendre le contexte de cette relation.

A suivre
Published by vieuxmachin
3 years ago
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Lisa-Al
Lisa-Al 3 years ago
to vieuxmachin : Moi je trouve que c'est vraiment bien Ă©cris, bon peut ĂȘtre pas Ă  mettre dans la PlĂ©iade  mais bien mieux que ce que l'on lit au long des forums et autres endroits sur le net.
Oui j'ai vu que tu a eu une vie bien remplie. Je comprend que les sentiments et l'armĂ©e çà  ne doit pas ĂȘtre facile. Mais je trouve que tu a surement un grand cƓur en voyant comment tu te prĂ©occupe de cette future chĂ©rie si j'ai tout compris.  Tu ne pense pas qu'a toi ton plaisir tes envies, .
Guillerm c'est pas courant mais j'aime bien. TrĂšs vieille France je trouve.
Je ne suis pas impartiale tu sais pourquoi je pense. Mais j'ai envie de mieux te connaitre, vous connaitre serait plus juste.

Et j'ai hùte de lire la suite de ce récit. Je pense qu'il aura plus de succÚs. Je suis curieuse de savoir ce qui c'est passé

Bisous Gui
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vieuxmachin
vieuxmachin Publisher 3 years ago
to Lisa-Al : Il semblerait que j'ai une lectrice assidue, çà me fait plaisir. Je ne crois pas que je sois le nouveau Baudelaire ou Hugo loin s'en faut. De nos jours le simple fait d'avoir un texte cohĂ©rent et sans trop de fautes devient de la littĂ©rature certes. Je ne peux pas nier les sentiments qui existent, je ne peux rien Ă  cette dimension tragique non plus, c'est la vie, une saloperie de vie j'en conviens. Je comprend que ce texte te touche j'ai lu ton profil et je sais quel intĂ©rĂȘt que a pour les trans. Pour les sentiments j'ai du mal car j'ai vĂ©cu des annĂ©es en les gardant pour moi. Comme officier supĂ©rieur tu ne peux pas te permettre ces choses mais pourtant on est comme tout le monde on est sensible.

Mon prénom? Guillem en général Gui simplement et pas Guy

Merci ma lectrice préférée et bisous
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Lisa-Al
Lisa-Al 3 years ago
C'est dur de lire ce qui lui est arrivĂ©e, ca me fait froid dans le dos, vous pouvez vous vanter de m'avoir fait pleurer, c'est incroyable comment j'avais la gorge serrĂ©e en lisant la progression des choses. On ne peut pas imaginer comment des parents peuvent arriver Ă  de telles extrĂ©mitĂ©s, moi qui me plaignais d'avoir mon ex qui m'a tabassĂ© et cassĂ© le nez quand je lis çà j'ai eu beaucoup de chance au fond. Vraiment vous Ă©crivez çà avec beaucoup de tact et vous faites passer passer les sentiments qui sont omniprĂ©sents. Ce n'est plus un rĂ©cit porno c'est vraiment de la littĂ©rature. On ne sait pas votre prĂ©nom. J'aimerais le connaitre Ă  moins que vous  ne veuillez  le garder secret. J'ai hĂąte de lire la suite de savoir ce qu'il advient aprĂšs. J'en ai une petite idĂ©e j'ai parcouru plusieurs de vos textes. J'aime ma façon trĂšs pudique de faire Ă©tat de vos sentiments, de ce qui se passe dans votre tĂȘte. J'espĂšre que la suite sera plus lĂ©gĂšre plus coquine. J'ai vraiment envie que çà se termine bien pour vous deux
Vraiment bravo et je lirais tous le reste de vos Ă©crits.

Bisous de Lisa si vous le permettez.
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