Flagelation, en dehors du masochisme

Le fouet et son maniement ne laissent personne indifférent dans les clubs dédiés au BDSM où pourtant on peut être acteur ou spectateur de bien des pratiques… Finalement dans un club, il y a trois types de pratiques. Celles disons « conventionnelles » qui globalement ne suscitent pas l’attention. Personne ne va cesser sa conversation pour regarder une soumise recevoir une banale fessée. A l’opposé il y a les pratiques plus « extrêmes » qui, pouvant mettre mal à l’aise, voire choquer, imposent un peu d’intimité et se font dans les recoins plus sombres des clubs. Et puis il y a des pratiques qui interpellent. Les conversations cessent, les regards convergent vers le « spectacle »,

les questions et interrogations se forment dans les esprits dans l’attente et l’espoir de pouvoir nouer des conversations avec les pratiquants une fois leur œuvre accomplie. Certains sont dans l’attente secrète et intime du jour où enfin, ils connaitront cette expérience qu’ils espèrent tant. J’ai l’impression qu’actuellement il y a presque uniquement deux pratiques qui suscitent cela à ce point : le shibari et le fouet. Pour le coup, le shibari on comprend pourquoi. C’est en soi une œuvre, un tableau. Il y a une esthétique. Mais le fouet… Pourquoi ? J’ai cherché ici quelques éléments de réponse que je vous livre pêle-mêle.

Serait-ce parce qu’il s’agit d’une technique particulière ? Il y a forcément un peu de cela car manier un fouet est une technique qui sans être inaccessible n’est pas aisée à acquérir seul. Il est compliqué pour un novice de s’initier, tout aussi compliqué pour quelqu’un de se faire fouetter par le premier venu; de ce fait la pratique garde un petit quelque chose d’inaccessible. Pour autant l’art du fouet tel qu’il est pratiqué en club se résume à trois mouvements de base dont on peut acquérir les rudiments en quinze minutes, le reste est une question de pratique et de confiance en soi. Mais cette notion de technique ne concerne finalement que le public car la plupart du temps la personne fouettée ne voit pas son fouetteur. Son attrait pour le fouet est un attrait pour ses propres sensations et pas pour la beauté
du geste.

Donc il y a de cela mais ce n’est pas que cela.
Une histoire ancienne

Il y a peut être aussi une explication dans l’histoire très particulière de l’instrument. Peut-être résonne en chacun de nous l’histoire particulière de cet instrument qui nous fut si important. Ne l’oublions pas, le fouet accompagne l’humanité depuis qu’il y a eu des bovins à guider , des chevaux à faire galoper et des esclaves à faire travailler…. C’est dire… Dans son origine, le fouet est un outil. Et c’est un outil qui symboliquement affirme notre suprématie humaine. Les claquements de fouet accompagnent l’humanité dans son ascension. Il est une marque d’humanité mais aussi une marque sociale. Le fouet est un instrument de domination symbolique.

Peut-être y a-t-il un peu de cela dans cette fascination qui se dessine chez les spectateurs d’une séance de fouet.

Mais faut-il aller chercher aussi loin les explications ?
Fouet et shibari

La pratique que j’ai pu avoir du fouet m’a convaincu d’un certain nombre de points qui à mon avis peuvent expliquer plus simplement cette attirance.

Contrairement à ce que pense le commun des mortels, le fouet n’inflige pas nécessairement une douleur, il inflige une contrainte. Bien entendu la douleur n’est pas totalement absente, mais elle n’est pas la finalité. Je dirais même qu’à l’exception de quelques (très rares) filles maso, la douleur est plus redoutée que souhaitée. C’est en règle générale le frein principal chez les filles qui sont tentées par cette expérience mais n’arrivent pas à franchir le premier pas. Si la fille fouettée est plus envahie par la contrainte du fouet que par la douleur, c’est parce le fouet peut la toucher à peu près partout sur le corps sans qu’elle ne puisse véritablement l’anticiper, contrairement aux autres instruments qui sont plus prévisibles. Le bon fouetteur n’est pas celui qui frappe fort, c’est évident, le bon fouetteur, c’est celui qui ressent les mouvements du
corps de celle qui reçoit le fouet et imperceptiblement les corrige, la remet en place. La succession des impacts , des claquements et des frôlements finissent pas créer comme une corde symbolique qui entrave la personne fouettée.

Le fouet implique un abandon de soi pour celui qui le reçoit. Cet abandon est techniquement nécessaire car il n’est pas possible de fouetter quelqu’un de fortement crispé. Si quelqu’un se crispe totalement, l’impact du fouet est très (trop) douloureux et traumatisant. Mais c’est aussi parce que, souvent, la recherche fondamentale de la personne
fouettée est précisément l’abandon. Une autre caractéristique du fouet est qu’il concerne plusieurs partie du corps simultanément. Il permet des successions très rapides de coups; des impacts ou des frôlements. D’où cette sensation d’enveloppement que décrivent les personnes fouettées. Dans certains cas, recevoir le fouet peut même être une quête spirituelle en ce sens que la personne qui est fouettée, en s’abandonnant, délivre son âme de son corps.

A ce sujet, une remarque; les instruments comme le paddle, le martinet, la cravache ou la badine, sont des instruments qui se mettent au premier plan. On pose la badine sur les fesses, on ajuste sa position , on arme son coup puis on le porte. On regarde le résultat et on recommence. Le fouet au contraire, finit par disparaitre, on l’entend plus
qu’on ne le voit. Il crée un lien invisible et fascinant entre le fouetteur et la fouettée. Il disparait pour devenir un prolongement invisible de celui qui l’utilise. De ce fait il y a peut être plus de points communs entre le shibari et le fouet qu’entre le le fouet et la fessée.
Autorité et bienveillance

Le fouet c’est aussi un instrument qui a un très large spectre d’utilisation. Son usage va de la simple production d’un bruit violent finalement inoffensif jusqu’à un usage en tant qu’arme pouvant être létale. Il me semble avoir lu quelque part que l’on estime qu’une centaine de coups répétés à la puissance maximale entraîne la mort. De ce fait, paradoxalement, le fouet tel qu’il est pratiqué dans la relation BDSM, est aussi l’expression d’une bienveillance. Le fouetteur n’est pas un bourreau. Certes sa bienveillance ne peut pas cacher l’expression de la force et de l’autorité mais un bon fouetteur doit être dans le souci constant des sensations de la personne qu’il fouette. Le fouet relie le dominant à la dominée dans une communion qui va crescendo tout au long de la séance avec des moments très intenses en particulier lorsqu’il s’approche d’elle, palpe son corps et s’inquiète de son ressenti. En dehors de cette bienveillance il n’y a plus de noblesse dans le geste, la pratique devient vide de sens.

Au bout du compte je demeure persuadé que ce qui fascine tant dans la séance de fouet c’est que grâce à cet instrument puissant, grâce à la fantasmagorie qui lui est associé, une relation unique s’installe entre le fouetteur et la fouettée. Un moment de communion où, par nos corps, nos âmes se parlent.



H – C & C
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द्वारा प्रकाशित Adebisifrance
4 वर्षो पूर्व
टिप्पणियाँ
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goodenuff 2 वर्षो पूर्व
a fantastic commentary on whipping. All those that are novices should be reading this. I have run up against amateurs, that's now the reason I have a master.........he knows what he's doing when he hits me and he knows what kind of actions best get the response from my body
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